[Petit disclaimer avant de commencer. Les réflexions ci-dessous sont le fruit de discussions et d’interactions que j’ai eues avec certains de mes clients. Peut-être vous reconnaitrez-vous d’ailleurs à certains moments. Si c’est le cas, je tiens à vous remercier pour ces échanges qui m’ont permis de mûrir cette réflexion!]
D’Entrepreneur à Patron
La majorité des dirigeants d’entreprise que je rencontre ont lancé leur activité sur base du fait qu’ils maitrisaient un métier qui leur plaisait, et d’une envie d’indépendance, d’autonomie. Pour certains d’entre eux, c’était une décision mûrement réfléchie, pour d’autres une opportunité qui s’était présentée et qu’ils ont décidé de saisir.
Ce sont donc tous d’excellents techniciens qui aiment passionnément ce métier qu’ils ont choisi.
Une fois l’activité lancée, ils ont vite dû endosser de nouvelles responsabilités : vendeur, gestionnaire de stock, responsable financier, marketeur, … Donc en plus de leur métier “passion”, ils ont dû apprendre toute une série d’autres métiers “obligation”.
Puis est arrivé pour certains le moment où ils ne pouvaient plus absorber à eux seul la charge de travail. Ils ont engagé des collaborateurs, ils sont devenus Patron.
De Patron à Leader
La décision d’engager du personnel se prend souvent sans avoir conscience des enjeux et du changement de posture indispensable pour réussir dans cette nouvelle configuration.
Gérer une équipe amène une grande responsabilité : celle de faciliter le travail des collaborateurs!
En effet, ce sont eux qui doivent maintenant prendre en charge la majorité du boulot, c’est-à-dire délivrer le produit ou service que l’équipe, la business unit, ou l’entreprise, est sensée fournir. Plus uniquement le patron!
Son rôle à lui a changé : lever les obstacles, amener les gens à être plus performants ou à se dépasser, les motiver, gérer les relations au sein du groupe, …
Bref, le patron doit en quelque sorte s’oublier et se mettre au service de son équipe …
Employés ou entrepreneurs?
Dans ma pratique, j’ai identifié une tendance dans le discours de certains de mes clients : “Nous sommes une petite entreprise, les employés savent quand même bien qu’on doit se donner plus que dans une grande”.
J’ai appelé cette tendance le mythe de l’employé entrepreneur.
En d’autres termes, certains patrons s’attendent à ce que leur employés se comportent comme des entrepreneurs qui “voient tout ce qu’il y à faire”, “savent prendre des initiatives”, “comprennent que le boulot ne s’arrête pas nécessairement à 17h”, …
Si vous vous reconnaissez dans cette description, j’ai une mauvaise nouvelle pour vous : vos employés sont des employés, pas des entrepreneurs.
Ils ont donc une personnalité d’employés : ils vous apportent leurs compétences et leur temps contre une rémunération. Et ils attendent de vous une direction, des objectifs, des instructions, du support, … Ils s’attendent aussi à ce que vous compreniez et teniez compte du fait qu’ils ont une vie à côté du bureau. Pour beaucoup, cette vie privée est même plus essentielle que celle du bureau.
Un patron ne peut donc pas s’attendre à ce que ses employés montrent naturellement une motivation vis-à-vis de son projet d’entreprise telle que celle qu’il ressent lui-même!
Il existe bien sur des exceptions à la règle. Certains employés se comportent effectivement comme le souhaite secrètement leur patron. Et cela renforcera d’ailleurs cette attente vis-à-vis des autres employés. Mais rappelez-vous, ce sont des exceptions.
Au final, il “suffit” de choisir …
Revenons à notre Patron Entrepreneur qui adore faire son métier, et qui “n’a pas créé sa société pour gérer des gens”. Quelles possibilités s’offrent à lui face à cette réalité de la Responsabilité du Leader?
Il a deux choix : la refuser ou l’accepter.
Refuser c’est renoncer
Un patron qui ne souhaite pas changer sa manière d’être et de penser va se retrouver devant trois possibilités: ne rien changer, déléguer la gestion, ou ne plus avoir de collaborateur à gérer.
S’il décide de ne rien changer à la situation actuelle, il devra accepter que les relations ne changeront pas non plus et qu’elles resteront aussi compliquées à vivre qu’avant, et ce pour les deux parties en présence.
Ceci dit, les employés ont toujours la possibilité d’aller voir ailleurs. Le patron, lui, peut difficilement faire de même. Ne rien changer peut donc mener à une forte rotation du personnel, avec toutes les difficultés que cela amène, mais aussi tous les coûts de recrutement et de formation que représente un nouvel engagé.
S’il délègue la gestion des équipes, il devra accepter que cela ne signifie pas juste passer la patate chaude des “relations interpersonnelles” à quelqu’un d’autre. De mon point de vue, il s’agit plutôt de faire un pas en arrière et de confier la gestion de son entreprise à quelqu’un d’autre.
En effet, il me semble compliqué de garder la gestion opérationnelle et financière d’une entreprise sans entrer en relation avec ses collaborateurs. On ne peut pas continuer à interagir avec les gens tout en les renvoyant à quelqu’un d’autre pour ce qui touche aux relations et aspects humains. C’est tout ou rien.
Toutefois, cela ne veut pas dire que la patron doit quitter l’entreprise ou qu’il ne doit plus être impliqué du tout dans ses activités. L’idée n’est pas de devenir le simple propriétaire de l’entreprise qui se contente de voir venir d’éventuels dividendes, mais de prendre un rôle de Président qui amène la vision et la stratégie, confiant entièrement la gestion opérationnelle de l’entreprise à un Directeur Général. Peut-être est-ce là aussi l’occasion de se dégager du temps pour lancer une autre activité ou de diversifier l’actuelle?
La troisième voie est un peu radicale et n’est probablement pas celle à privilégier, mais elle représente à mes yeux une décision finalement assez courageuse : accepter qu’on n’est pas fait pour ça, réduire la voilure, et ne plus avoir de collaborateur à gérer. Redevenir un solo-preneur.
Evidemment, “réduire la voilure” ne signifie pas nécessairement fermer l’activité; une revente totale ou partielle sera probablement la meilleure manière de procéder.
Refuser la Responsabilité de Leader demande donc du courage, de prendre ses responsabilités et de faire des choix difficiles …
Accepter c’est changer … et donc renoncer
Comme on vient de le voir, refuser la Responsabilité du Leader amène à devoir faire des choix importants.
Mais choisir d’accepter cette Responsabilité amène également son lot de changements.
Je l’ai dit plus haut, le manager est là pour faciliter la vie de ses collaborateurs et leur permettre de faire leur boulot le plus efficacement possible.
Il doit donc accepter de vivre sa vie professionnelle non plus pour lui-même mais pour les autres.
Il doit accepter de consacrer du temps et de l’énergie à chacun, et parfois un peu plus à certains qu’à d’autres.
Il aura besoin de nouvelles compétences, et devra probablement prendre le temps de se former.
Il risque de douter, d’hésiter, de perdre la foi. Mais il pourra se faire accompagner.
Il sera amené, et c’est parfois le plus dur, à accepter de lâcher une partie de l’opérationnel, à accepter de déléguer. S’occuper des gens prend du temps, beaucoup de temps. Il n’est donc plus envisageable de continuer à rester autant dans l’opérationnel qu’avant!
Évidemment, dans nos PME, il sera probablement quasi impossible au patron de ne plus être du tout impliqué dans l’opérationnel. Et je pense même que c’est une bonne chose car cela lui évite d’être déconnectés de la réalité. Mais il lui faut réduire, probablement fortement, ce volume d’opérationnel.
Accepter la Responsabilité du Patron Leader est donc un choix courageux. Il faut renoncer à son ancienne vie d’Entrepreneur, et se lancer dans une nouvelle. Ce qui finalement revient à entreprendre à nouveau, non?
Et cela existe vraiment des Patrons Leaders?
Oui! évidemment!😄
Il y a des patrons, et j’en rencontre, qui ont franchi ce cap. Consciemment ou non d’ailleurs. Et c’est génial! D’abord pour le bien-être de leurs employés et le leur, mais aussi car c’est la preuve que cela fonctionne … 😉
Certains m’ont d’ailleurs fait part du fait qu’ils trouvent dans ce nouveau rôle autant de satisfaction et de motivation, et même parfois plus, que dans leur rôle technique d’Entrepreneur. C’est différent, évidemment, mais clairement intéressant, motivant et nourrissant.
Vous êtes intéressé, intrigué, ou encore pas d’accord avec ce passage de Patron Entrepreneur à Patron Leader? Génial! Je vous propose de prendre un moment pour en discuter. Il vous suffit de cliquer sur le lien ci-dessous, et de réserver un moment dans mon agenda. A bientôt!
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